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Le blog de Jeannine Dion Guérin
8 décembre 2019

Jeannine Dion-Guérin - Poèmes sur des tableaux de Casimir Farley - Poésie sur Seine

Plusieurs des recueils de Jeannine Dion-Guérin ont été illustrés par des peintres. Ici c'est à l'inverse la poésie qui illustre un artiste. Les tableaux de Casimir Farley sont des arrangements (j'allais dire des dérangements) de couleurs, des tons profonds de bleu, de rouge, de jaune, d'où émergent des visages, des regards, des gestes ; ce sont d'autres fois des mélanges de couleurs pures sans rapport évident à la réalité. Ce rapport, en fait, c'est la poète qui nous le découvre et chaque poème est comme un développé du titre primitivement choisi par le peintre. C'est dire combien ce dialogue des deux artistes est, pour l'oeuvre de ce dernier, un enrichissement permanent : au fur et à mesure que l'on feuillette les pages de ce beau recueil, l'on s'introduit, par le biais de chaque poème, dans le pénétrant regard de Jeannine Dion-Guérin. Elle offre aux oeuvres du peintre le surplus de signification que notre regard à nous n'avait su déceler et qui, dans une deuxième lecture des tableaux, nous paraît ressortir évident des compositions de l'artiste. De ce dialogue entre le verbe et la matière picturale ressort donc plus que l'enchantement devant les variétés de formes et de tons émanés du pinceau d'un peintre de beau talent. Le verbe leur donne sens, ainsi que le veut le dialogue inventé par la poète dès le début du recueil : « L'humain, dit-elle, est ce rébus qui me dépasse » - « je laisse au pinceau, répond le peintre, le soin de le résoudre ». L'auteur nous conduit de la conception même du tableau : « Au tracé d'un contour / l'huile soudain s'épuise / ... Sous l'ardeur du pinceau / la forme se convulse... » à la dépossession qui est peut-être le drame des peintres, quand l'oeuvre est livrée au regard d'autrui : « Le motif n'est plus / à qui le peint ou posé, / il appartient au badaud / qui l'admire ». Elle cherche à décrypter le sens de ces regards peints qui nous fascinent, mais nous dérangent, « Cet autre si ressemblant / qui demeure l'étranger ». Elle nous plonge dans le désordre arrangé des couleurs qui nous mène d'un « chaos originel » aux « acteurs / de la grande comédie humaine », à « l'hommage au Vivant » et à l'existence du Beau (« La vie s'invite / Le Beau existe »). - « Dans ce livre tout est échange », écrit Casimir Farley. Le sens des formes, la couleur des mots se renvoient sans cesse la balle pour notre plus grand plaisir à nous, leurs regardants, leurs lecteurs.

[Lumière des mots] : Poèmes de Jeannine Dion-Guérin sur des tableaux de Casimir Farley (Editinter, 6 square Frédéric Chopin, 91450 Soisy-sur-Seine, [2018]), dans Poésie sur Seine n° 101.

 

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